Tuesday, November 01, 2011

Une saison en enfer (by Arthur Rimbaud)

Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.

Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. - Et je l'ai trouvée amère. - Et je l'ai injuriée.

Je me suis armé contre la justice.

Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié!

Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.

J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.

Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot.

Or, tout dernièrement, m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac!, j'ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.

La charité est cette clef. - Cette inspiration prouve que j'ai rêvé!

«Tu resteras hyène, etc...», se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. «Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux.»

Ah! j'en ai trop pris: - Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l'écrivain l'absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.

Una temporada en el infierno

Antes, si lo recuerdo bien, mi vida era un festín en el que se abrían todos los corazones, en el que todos los vinos corrían.

Una noche, senté a la belleza en mis rodillas. Y la encontré amarga. Y la injurié.

Me armé contra la justicia.

Huí. ¡Oh brujas, oh miseria, ah odio, a ustedes les confiaron mi tesoro!

Logré hacer que en mi espíritu se desvaneciera toda esperanza humana. Sobre toda alegría, para estrangularla, di el salto sordo de la bestia feroz.

Llamé a los verdugos para, al perecer en sus manos, morder la culata de sus fusiles. Llamé las plagas, para ahogarme con la arena, con la sangre. La desgracia fue mi dios. Me acosté en el barro. Me sequé con el aire del crimen. Y le hice unas buenas bromas a la locura.

Y la primavera me trajo la espantosa risa del idiota.

Pero, habiéndome encontrado hace muy poco a punto de dar el último cúac!, soñé con buscar la llave del antiguo festín, donde tal vez recuperaría el apetito.

Esa llave es la caridad. - ¡Esta inspiración prueba que estaba soñando!

«Seguirás siendo hiena, etc...», grita el demonio que me coronó con tan graciosas amapolas. «Gánate la muerte con todos tus apetitos, y tu egoismo y todos tus pecados capitales.»

¡Ah! me han hastiado: - Pero, querido Satán, ¡yo te conjuro, menos irritadas tus pupilas!, y mientras esperas con retraso esas pocas pequeñas cobardías, para tí que amas en el escritor la ausencia de facultades descriptivas o instructivas, arranco estos pocos horribles cuadernillos de mi carné de condenado.

P.D. Comparto con ustedes uno de los escritos más bellos de mi poeta favorito.